mardi 28 octobre 2008

Goreme

Grosse frayeur : depuis quelques jours, mes tentatives deseperees d'acceder a blogspot se soldaient toutes par ce lamentable message. C'est manifestement regle mais il semblerait que google soit en delicatesse avec les autorites turques...

Je suis maintenant en Cappadoce. Je suis arrive jeudi dernier en me faisant cueillir par un faible 6 degres et un vilain brouillard. Les 25 degres d'Alacati sont desormais bien lointain. Mais une fois le brouillard dissipe, j'ai pris une claque enormissime. Cet endroit est simplement magique : le vent, l'eau et le temps ont fait un travail architectural hallucinant. C'est tellement beau et bizarre que ca pourrait etre un jeu video. Je n'ai pas de termes pour decrire l'ambiance que degage le site. Pour faire simple, on a un mix de Mad Max (pour les paysages de postapocalypse), des Schtroumpfs (pour les maisons bizarres), des 12 commandements (pour les eglises troglodytes) et des Bronzes (pour les touristes en tours qui visitent seulement les eglises en nous laissant gentiment tout le reste, a moi et quelques autres).

Goreme, le village ou j'ai debarque, se situe au centre d'un reseau de vallees et de chemins. Le tout offre un choix presque illimite de randonnees, un terrain de jeux magnifique! Et malgre les temperatures un poil fraiche lorsque le soleil disparait, la saison a de beaux restes et offre de tres belles couleurs.

Pour l'anecdote : on a loue, moi et 2 voyageurs ricains, une voiture pour explorer librement les environs. C'etait un modele turc tout pourri qui fonctionne au propane et a l'essence. Bien sur, puisque c'est moins cher, nous avons fait le plein de propane. Jusque la, ca roule. Ce qu'il faut bien se rappeler, c'est que ces modeles ont besoin d'essence pour demarrer. Evidemment, nous avons commence par vider le reservoire d'essence...La journee fut assez amusante : il est toujours fort rigolo de marcher sur le bord de la route jusqu'a la prochaine station service. Nous avons pu heureusement compter sur la gentillesse de conducteurs de dolmus pour nous sortir de ce merdier...

Voila, il faut savoir que les tofs ne font pas honneur aux paysages (et de tres loin), j'en mets quelques unes ici mais allez voir l'album. J'en ai pris un certain nombre...

mercredi 15 octobre 2008

Alaçatı

Changement d'ambiance radical, je suis a Alaçatı (prononcez Alatchateu). Les culs-nuls ont heureusement deserte les lieux pour retourner dans leur Baden-Wurtemberg d'origine. Ne reste donc plus que des funeux germains. Mon allemand est un peu rouille mais comme eux je peux arborer cheveux longs et gueule bronzee : j'ai le profil. Malgre la basse saison, tout reste scandaleusement cher. Je me promets de ne pas m'eterniser mais apres les premiers plannings, je me dis que 2 semaines de windsurf valent bien le reste de mon trip. Je suis sur la mauvaise pente. Boaf, la meteo decidera...

Ce qui suit constitue mes compte rendus de navs et n'interessera donc que les amateurs.

Samedi 11
Apres une nuit de bus et un changement a Izmir, j'arrive a Alaçatı en fin de matinee. Bonne pioche, il y a entre 25 et 30 noeuds de vent. Surexcite, je pose mes affaires a l'arrache dans une pension et me rue dans un des nombreux clubs afin de louer du matos. Aujourd'hui, ce sera une planche JP x-cite ride 130 et une voile Gaastra de 4.2.
Les clubs de windsurf se situe le long de la cote ouest de la baie d'Alaçatı, cette derniere etant oriente vers le sud. Le vent souffle nord-est et le niveau de l'eau est inferieur a 1 metre jusqu'au milieu de la baie. Il y a peu de vagues : le spot est donc ideal pour debuter et meme dans des conditions un peu forte, on n'hesite pas longtemps a se mettre a l'eau.

Je suis bien sur totalement a la ramasse, je ne controle pas grand chose et ma navigation est une sucession de bords, catapultes et beachstarts. Je m'eclate et reste 3 heures a barboter.
Il y a pas mal de rideurs et des gamins passent des trucs de freestyle incroyables. Quand je les vois, j'ai l'impression d'avoir gaspille ma jeunesse...

Dimanche 12
Le vent a encore forci et on a maintenant entre 35 et 40 noeuds. Pour aujourd'hui, ce sera donc une planche JP x-cite ride 120 et une voile Neilpryde de 3.5. Je suis totalement a la rue et apres 10 minutes, le wishbone coupe net me reste entre les mains. Le bout d'ecoute est perdu et je suis bien content de pouvoir rentrer a pied. Je suis incapable de bosser mes manoeuvres ou de m'entrainer au waterstart. La aussi, la nav se resume a une succession de bords, violentes gamelles, beachstarts. Une rouste un peu plus violente que les autres me coupe durablement le souffle et toute envie de continuer.

Lundi 13
Les conditions sont plus acceptables : environ 15 noeuds. Ce sera une JP de 145 litres et une Neilpryde de 7 metres. C'est la premiere fois que j'utilise une voile aussi grande et le moins que l'on puisse dire c'est qu'elle est lourde la bougresse! L'effort est cependant recompense : la planche decolle presque immediatement et je controle enfin le bordel. Je n'ai plus l'impression d'etre monte sur un bronco laisse a lui meme. Du coup, je dois resserrer les straps que j'ai toujours tendance a desserrer afin de les enfiler plus rapidement - le controle est encore meilleur. Des que l'on s'engage un peu en s'asseyant dans le harnais tout en restant bien tonique, ca accelere fort et les sensations deviennent incroyables.

Je passe environ 2 virement de bords sur 3. Les tentatives d'empannages et de waterstarts se terminent presques toutes en gros bouillon. C'etait une grosse journee, j'ai mal partout, des ampoules eclatees vont m'obliger a acheter des mitaines mais je suis heureux...

Mardi 14
Beuh...petole! Je reste sur le bord pendant 1 bonne heure a faire la fine bouche, ronchonner et me dire que finalement ce spot n'est pas digne d'un windsurfer de ma qualite. Je me resigne cependant : il faut que je bosse mes manoeuvres. Je fais donc le bouchon pendant 2 heures en enchainant virements de bord et empannages. Je fais egalement une tentative d'helicopter tack en fin de cession mais des que je passe a contre, ma voile m'agresse sauvagement et on termine tout les deux dans l'eau.

Tout cela n'etait pas vraiment fun mais je suis content malgre tout, j'ai la sensation d'avoir progresse.

Mercredi 15
Meme chose que la veille, je commence a aiguiser ma dague sacrificielle puis me rends au village pour y trouver une jeune victime. Je suis surpris, je m'attendais a trouver un truc immonde genre La Baule et je tombe sur un village super mignon. Il semble que, pour une fois, le developpement touristique ce soit fait dans le respect de ce qui existait. Par ailleurs, je tombe sur un cafe internet avec une connexion rapide et des Playstation 3 a disposition - c'est la fete! J'ecoute du son pendant 2 bonnes heures - mon lecteur mp3 ayant lamentablement rendu l'ame apres ma premiere semaine en Iran. Pour ceux qui se posent la question, il s'agissait d'un Creative Zen.

Comme la veille, je me resigne a faire des ronds dans l'eau et bosser mes manoeuvres. Mes empannages gagnent en fluidite et j'arrive a naviguer en fausse panne. Toutes mes tentatives d'helicopter tack echouent plus ou moins elegamment.

Jeudi 16
Encore et toujours l'infame petole! Les previsions du Guru sont mauvaises, encore 2 jours a supporter ca! La bonne nouvelle c'est que Monseigneur Le Vent daigne enfin se montrer a partir de dimanche. C'est maintenant officiel, je reste au moins jusqu'a mercredi. Autant pour le budget...fuck...


Dimanche 19
Argh! Dieu me hait, j'en ai la conviction : 6eme jour consecutif de petole. Damn'it! J'arrive tant bien que mal a m'occuper en continuant a tricoter. Je place maintenant quelques helicopter tack et ce n'est plus entierement du a la chance. Mais a force de pitreries de ce genre, je finis par faire une mauvais chute dans la voile, que je perce...oups...j'essaye bien de la recaser en douce dans le ratelier a voiles mais je me fais griller. Je ne suis pas parvenu a cacher mon air coupable.

Bon, les degats sont limites, rien d'irreparable heureusement. J'en profite pour changer de voile car le vent a prit quelques tours. Je fais un choix radical : une 8 metres a cambers, je veux planner! Malgre le vent faible, la traction est vraiment forte et je dois placer ma main avant en supination pour me soulager. Malheureusement, ca marche plus ou moins bien : je ne fais que plannouiller. Je sais pas trop ce qui merde, mes appuis, mon allure, mais quelque chose cloche. C'est d'autant plus frustrant que d'autres planchistes filent plutot bien, eux. Pour me venger, je fais claquer la voile a chaque changement d'amure. Le profil de la voile s'inverse dans un enorme "vlang" et ca flatte mon mojo...

Mercredi 22
J'ai un peu de mal a m'arracher. J'etais comme a la maison, avec mon confort, mes habitudes. D'ailleurs, j'ai fini par reperer les jours des dessins animes. J'ai meme revu le debut de la baston contre Cell. Trop cool!

J'ai d'autant plus de mal a partir qu'il y a un vent a decorner les boeufs. Je me force cependant. Il est temps de refermer la parenthese windsurf et de tracer en Cappadoce. Et puis j'ai tout de meme eu 2 tres belles journees lundi et mardi, je suis a peu pres seuvre. Mes mains de planteur de patates peuvent en temoigner. Si je trouve le courage cet hiver, les prochaines cessions se feront avec une cagoule disgracieuse au pays des crepidules.

mardi 7 octobre 2008

Teheran Istanbul

Douaniers, barrieres, barbeles, voyageurs fatigues, soldats zeles, chauffeurs agressifs...la frontiere irano-turque, a l'ombre du mont Ararat (la montagne ou Noe est cense avoir echoue son arche) est un sympathique cocktail de tout ces ingredients. Le temps n'y vaut pas grand chose, il est meme gratuit : il nous a fallu 8 heures de tracasseries diverses pour la franchir.

Cela doit avoir un sens malgre tout, cette frontiere se situe sur le route que prend la drogue entre l'Afghanistan et l'Europe. D'ailleurs, a la faveur d'une fouille des bagages, les gendarmes sont tombes sur des substances illicites. Ce n'etait manifestement pas du terreau pour geranium et le proprietaire de la valise n'est pas reparti avec nous. Apres cela, notre bus est devenu l'objet d'attentions toute particulieres de la part de la gendarmerie turque : 4 heures de fouilles supplementaires. C'est que c'est long a demonter une soute a bagages...
J'ai donc loupe ma correspondance pour Ankara et poursuivi ma route jusqu'a Istanbul. On m'a pourtant propose de me laisser a Erzincan puis de prendre un bus le lendemain mais au milieu d'une nuit anatolienne glacee, Istanbul etait nettement plus seduisante.
Je suis donc pose tranquillou dans cette ville merveilleuse et je commence a realiser qu'un manteau ceintre ou un foulard de couleur ne sont pas des instruments de seduction diaboliques ou encore que la biere n'est pas une boisson non alcoolise gout pomme-grenade.

Pour conclure, voyager en Iran fut vraiment un plaisir. Je n'ai eu que peu de galeres et aucune de reellement serieuse. Le pays est sur et les habitants incroyablement hospitaliers. Pour autant, je ne voudrais y vivre pour rien au monde, la liste des interdits est encore enorme et il parait douteux que cela change avant un (long) moment.

samedi 4 octobre 2008

Persepolis

Ma derniere etape en Iran est la ville de Shiraz. Comme j'ai decide de bouder les mosques du vendredi et les tombeaux, je tourne forcement un peu en rond. Je visite tout de meme (mais de mauvaise grace) le mausole dedie au poete Hafez. Je ne regrette pas trop, le lieu est agreable et il est interessant de constater la veneration dont Hafez fait l'objet. Je trouve rafraichissant qu'on puisse construire un tel monument a la memoire d'un "simple" poete plutot qu'a celle d'une bataille sanglante ou d'un leader douteux.

Shiraz se situe non loin des ruines de Persepolis, la capitale de l'empire Achemenide. Avec un groupe de voyageurs forme pour l'occasion, nous decidons de louer les services d'un guide, d'une guide plus exactement. Persepolis fut sans auncun doute un site grandiose mais il n'en reste malheureusement plus grand chose. Les tremblements de terre, le desinteret des autorites iraniennes, le passage des Arabes et surtout celui d'Alexandre le Grand ont eu raison de la cite. Au sujet de ce dernier, les iraniens ne voient pas en lui un glorieux souverain qui unifia l'Asie mais plutot un chef de guerre ambitieux et malfaisant. D'ailleurs, ils ne le surnomment pas "le grand" mais plus modestemment "le macedonien". C'est un peu moins classe pour choper une poulette en boite mais c'est de bonne guerre : meme si cela faisait partie des usages de l'epoque, on ne surnomme pas "le grand" un personnage responsable de telles destructions.

Il fut egalement amusant de constater a quel point les iraniens de 2008 s'identifient a cet empire vieux de plus de 2500 ans. Notre guide n'a en effet cesser d'utiliser "on" a la place de "ils" ou de "eux" pour designer les Perses Achemenides. Je ne penses pas que les francais de 2008 fassent de meme lorsqu'il s'agit des Gaulois, des Romains ou des Francs. Des lors, il n'est pas vraiment etonnant que les iraniens aient pu etre tant offense par le film 300 (que je trouve enorme par ailleurs).

Voila voila, un avion (Benoit, il s'agissait d'un Fokker neerlandais et non d'un Boeing datant d'avant l'embargo - ouf!) m'a ramene a Teheran hier soir et je prends un bus pour Ankara cet apres midi. J'avoue etre un peu effraye devant la perspective de passer 40h dans un bus mais l'idee de boire une bonne binouze bien fraiche a l'arrivee (evidemment un poil difficile a trouver en Iran) me rend fort.